La réponse officielle de l'Europe à la mondialisation s'incarne aujourd'hui dans la « Stratégie de Lisbonne ». Lancée en mars 2000, en plein boom Internet et face au risque de décrochage européen par rapport aux performances économiques américaines, cette initiative visait à faire de l'Europe « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde à l'horizon 2010 ». Après quatre années d'immobilisme et un premier bilan lucide établi par le Rapport Kok de 2004, elle fut relancée en mars 2005 et recentrée sur la « croissance et l'emploi ». Elle est aujourd'hui devenue la stratégie centrale et consensuelle de l'Union européenne à 27 dans les domaines économique, social et environnemental, la « réponse européenne à la mondialisation ».
Le Conseil européen des 13 et 14 mars 2008 vient d'en adopter le troisième cycle pour la période 2008-2010, dans la continuité du cycle précédent.
Pour l'actuelle Commission européenne, qui en a fait son cheval de bataille, la Stratégie de Lisbonne telle que relancée en 2005 est désormais un succès et doit être poursuivie telle quelle jusqu'en 2010 et au-delà. La Commission s'appuie notamment sur l'amélioration de la performance économique globale de l'Union européenne en 2006-2007 et sur les 6,5 millions d'emplois créés au cours de cette période. Il est prévu de poursuivre dans la même direction, alors même que la crise systémique que nous vivons devrait encourager au contraire à réexaminer la mondialisation libérale et à revoir totalement les règles et les instruments.
Pour le Front de Gauche, il faut : Changer de logiciel pour une autreEurope
Plusieurs points qui sont à la base de la stratégie de Lisbonne nous paraissent à reconsidérer fondamentalement :
Il ne sert à rien d'adapter l'Europe à la mondialisation si on ne change pas la conception même de la mondialisation aujourd'hui entièrement basée sur le profit, la spéculation financière, l'exploitation des plus faibles, le pillage des ressources naturelles et la marchandisation à outrance. L'Europe se doit de définir une Alter Mondialisation.
La question de la croissance ne peut résider sur un accroissement indifférencié et incontrôlé des biens et services, au détriment des équilibres écologiques de la planète, de la montée des besoins factices et des inégalités. Nous devons définir une nouveau mode de développement social et écologique
La concurrence ne peut servir de base à une économie de la connaissance, que ce soit dans l'éducation, la recherche, l'innovation, les brevets, .... L'économie de la connaissance telle que nous la concevons implique des services publics, un libre accès de chacun à la connaissance, l'arrêt de développements technologiques tournés vers une commercialisation intensive, inutile et dispendieuse.
Au sein de l'Europe, Il convient d'établir une « cinquième liberté » - la libre circulation des connaissances-, qui aille au-delà des ambitions actuelles visant à permettre aux chercheurs de se déplacer plus librement, aidés en cela par la création d'un Espace européen de la recherche. La « cinquième liberté » doit s'attaquer aux nouveaux défis qui émergent avec le passage du monde réel au monde virtuel où circulent sans arrêt des biens immatériels. Par exemple, les méthodes de protection des droits de propriété intellectuelle vont devoir changer radicalement, à une époque où des produits sont développés en open source ou alors que des produits électroniques ou de divertissement peuvent facilement être téléchargés de n'importe où sur la planète.
La question de la libre circulation des personnes acquiert elle aussi une tout autre dimension lorsqu'un travail basé sur des connaissances peut être effectué dans le cyberespace plutôt qu'au travers d'une présence physique sur un territoire donné.
La poursuite de l'actuelle politique sociale de l'Europe est inacceptable pour les travailleurs
Les réformes déjà mises en œuvre sur les marchés européens du travail, ont souvent induit un relâchement de la réglementation du travail. L'augmentation de la flexibilité ajoutée à la diminution des protections sociales a contribué à une croissance de l'emploi, en contrepartie d'un développement de la précarité et de la fragilité des travailleurs. Pour le front de gauche, nous devons au contraire promouvoir les mesures de protection et de valorisation des ressources humaines
Parce qu'il propose un autre modèle de développement dont l'Europe pourrait être porteuse, Le Front de Gauche est aussi opposé à la Stratégie de Lisbonne qu'au projet de traité du même nom.
Ce sont des cadres qui correspondent à une vision dépassée et néfaste du projet européen. Moi, qui suit un Européen convaincu, moi qui souhaite un vraie constitution pour l'Europe, je soutiens le front de gauche qui veut changer d'Europe.