Petit Couronne, la raffinerie et son avenir.
Pascal Fromentin, directeur de publication de la revue « Regard sur Petit couronne » s’entretien avec Gérard Letailleur, Maire de Petit Couronne de 1977 à 2004, conseiller municipal, en 7 questions
Question 1: Depuis novembre 2011, vous êtes très impliqué aux cotés des salariés, pourquoi cette détermination ?
La raffinerie, c’est des milliers d’emplois directs et indirects, 10% de l’activité portuaire de Rouen, des salaires, des commandes pour nos commerces, artisans et PME locale. Cette « Mémé » comme dissent les salariés a contribué au développement de notre ville, à la qualité de nos équipements, à l’installation de nombreuses familles dont des proches y ont travaillés.
Il y a donc beaucoup d’amertume à la voir s’arrêter, avec toutes les souffrances sociales qui en découlent. Comme élu local, on se doit de soutenir les salariés jusqu’au bout, en exigeant la tenue des promesses.
Question 2 : jusqu’au bout pour vous c’est quoi ?
Les promesses de Hollande en campagne présidentielle, puis de Montebourg venus dirent qu’ils sauveront le site. Doivent être tenus, la solution est politique, nationalisation temporaire ou un repreneur. Les deux restent possibles aujourd’hui, à condition de le vouloir et de nous protégé en taxant les produits importés qui ne respectent pas les mêmes règles sociales et environnementales que chez nous. Là-dessus aussi il y avait des promesses.
Question 3 : Le préfet déclare« Petroplus Stop », le Maire de Petit Couronne et la majorité des élus socialistes tiennent le même discours, réindustrialisassions plutôt que reprise d’activité du site, qu’en pensez-vous?
Ces déclarations et positions à géométrie variables sont navrantes et nuisent à la lutte des salariés. Pires, elles désespèrent les citoyens, et discréditent l’action politique. On ne peut pas accepter l’assassinat industriel de ce site viable et rentable Ce qui est en cause c’est la défense d’une activité nationale stratégique. Il y a des solutions viables pour la raffinerie des repreneurs existent, j’ai pu les écouter (voir photo), ils sont venus présenter des dossiers sérieux. Ils ont le pétrole, l’argent et la technicité .C’est invraisemblable qu’ils ne soient pas étudiés.
ci contre; réunion du 4 octobre avec les repreneurs, divers élus et syndicalistes.
Question 4 : le Préfet a annoncé plusieurs projets en perceptive, qu’en pensez-vous ?
On évoque des projets de recyclage de déchets plastiques, pire le maintien des bacs de stockage, sans que cela ne fasse réagir le Maire qui en juin dernier avait refusé cette perceptive dans une motion envoyée au préfet. L’objectif étant de réduire au minimum les terrains à dépolluées. Cette annonce reste floue et vide, qui, quoi exactement, combien d’emplois ?
Question 5 : vous pensez que le gouvernement abandonne tous projets de reprise du site en raffinerie ?
Je constate, que les repreneurs viennent de pays émergents ayant des réserves pétrolières. Leurs volontés est d’exploiter eux même leur matière première, l’achat de la raffinerie est une opportunité pour eux. Ils sont moins exigeants en rentabilité financières que les majeurs du pétrole et la finance.
Les multinationale Total- Shell, font l’inverse, ils délocalisent au moyen orient, en Asie, moins de contraintes sociales, environnementales, une main d’œuvre à bas salaire permet de grossir les profits. Il y a deux logiques économiques qui s’affrontent. Total et Shell souhaitent fermer d’autres sites en Europe, alors, éviter toutes concurrences est primordiale pour faire tourner à plein les raffineries qu’ils viennent de construire au moyen orient et en Asie et importer leurs produits finis.
Question 6 : Pour vous l’enjeu est là et le gouvernement fera quel choix ?
Si l’on refuse d’étudier les dossiers des repreneurs, comme de nationaliser temporairement le site cela abouti à privilégier les grandes multinationales, la finance internationale, en rendant notre pays encore plus dépendant d’eux. Au contraire, miser sur une coopération équitable avec des pays où nous pourrions développer des stratégies économiques gagnantes à l’avenir, vers l’Iran, l’Afrique, l’Iraq, en préservant nos emplois et notre industrie sur le territoire national me semble le bon sens. Le gouvernement et les élus socialistes locaux semblent refuser cela, alors, ils condamnent la raffinerie et trahissent. Heureusement, des socialistes comme G Filoche et Marie Noel Linemam sont venus faire entendre un autre discours concordant avec le mien et celui des élus et militants du Front de Gauche.
Question 7 : qu’elle avenir pour le site ?
Une reprise de l’activité en raffinerie reste de loin le meilleur projet qui serait financée par le repreneur. Une fermeture coutera très cher à la collectivité, donc aux contribuables. La simple dépollution des terrains prendra des années avec un cout dépassant plusieurs centaines de millions d’euros. Je pense que cette somme importante, serait utile au développement de la technopole du Madrillet qui stagne depuis 7 ans et pourrait créer des milliers d’emplois plus rapidement. Voilà aussi une raison supplémentaire de sauver la raffinerie, pour mieux investir ailleurs.