LE MONDE CHANGE DE PEAU
Loin de toute pause estivale, juillet et aout auront étés celui du terrorisme de masse avec l’abominable attentat de Nice et de Saint Etienne du Rouvray. L’ampleur, la brutalité et la lâcheté ont largement effacé les autres événements. Chacun d’entre eux (auxquels il conviendrait d’ajouter les événements en Turquie), chassant l’autre, on risquerait en effet de rajouter à leur dureté spécifique, le risque de n’y comprendre plus rien, et du coup de renforcer le sentiment d’impuissance pour les résoudre. Ils ont pourtant en commun d’illustrer les dangers que la crise structurelle du capitalisme fait courir à la civilisation. Les inégalités sociales, un productivisme aveugle, les dérives autoritaires, une mise en concurrence des peuples entre eux et un dumping institutionnalisé sur fond d’austérité dans l’Union européenne, le terrorisme et la guerre, enfin, toujours plus proche : n’auront laissés aucun répit.
Les réponses apportées par les libéraux, quelle que soit leur « obédience », sont celles d’une fuite en avant. Passage en force pour imposer des législations antisociales (loi El Khomri deux fois en quinze jours le 49al3 à l’Assemblée nationale, faute de majorité pour adopter la loi. Une loi contre laquelle les syndicats ne désarment pas, puisqu’ils appellent à une prochaine journée d’action le 15 septembre pour dire non à son application).
Ou de grands projets nuisibles, Notre-Dame-des-La Notre-Dame, tunnel du Lyon-Turin, Centre industriel de stockage nucléaire géologique, voté en catimini dans la nuit du lundi 11 juillet. Il est vrai que le lobby nucléaire peut se croire tout permis depuis que les promesses de fermeture de centrales ont été revues encore à la baisse.
Quant aux mesures prises pour faire face au terrorisme djihadiste, elles sont au mieux inefficaces, au pire dangereuses pour nos libertés. Il s’agit au final d’un point donné à ceux qui espèrent que, pour leur faire face, nos démocraties renieront leurs principes. Le marketing politicien en vue de 2017 se sont ainsi donnés rendez-vous au PS comme chez les Républicains, pour rendre permanent l’état d’urgence et prolonger une opération Sentinelle aussi inutile que couteuse en matériel et en hommes.
L’unique dessein de ces politiques de gribouille est de gagner du temps pour sauver le système. Ce sont elles qui, depuis des années, lézardent notre République et alimentent le terreau identitaire, que ce soit celui du FN ou de l’intégrisme religieux.
Car c’est bien le système qui vacille en menaçant de nous emporter. Le système néolibéral, son moteur est celui de la concurrence effrénée, économique comme géopolitique, de la souveraineté des marchés sur les peuples, du profit comme seule valeur désormais de référence dans un monde globalisé qui rend, du coup, toujours plus dangereux ses moindres soubresauts. Ce 3ème âge du capitalisme mondialisé n’est pas la seule cause des conflits dans le monde, mais il les exacerbe et les rend toujours plus incontrôlables. En imposant son court-termisme au service des profits, de la possession des matières premières et d’espaces économiques à conquérir, il se fait aussi dangereux pour la paix que pour la préservation de l’environnement.
Le monde change de peau. « Sera-t-il laid ou bien beau ?». Les peuples peuvent encore en décider. Pour peu qu’on en éclaire le sens sans pour autant négliger d’en soigner les effets concrets et immédiats. Les échéances de 2017 dans les deux principaux pays européens - la France, puis l’Allemagne - constitueront en effet un tournant à ne pas rater pour toutes celles et tous ceux qui ne désespèrent pas de voir le monde plus beau qu’il ne l’est et, surtout, qu’il ne menace de l’être.
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