LES QUARANTE ANS DE LA MORT DE SALVADOR ALLENDE
Le 11 septembre n’a pas la même signification pour tout le monde. Si les Etats-uniens pensent aux attentats du World Trade Center et du Pentagone, sur le versant sud du continent américain, chacun se souvient du coup d’Etat de Pinochet et de la mort de Salvador Allende, survenue le 11 septembre 1973.
Ce grand chef d’Etat socialiste, arrivé au pouvoir en 1971 avait de grandes et de belles idées.
Il fut l’homme du progrès social et politique au Chili, en témoignent ses mesures. Il nationalisa de nombreuses entreprises et industries (notamment le cuivre). Il poursuivit la réforme agraire et la réforme de l’éducation, légalisa le divorce et étendit la sécurité sociale. Il augmenta les salaires de 40 à 60 %, bloqua les prix, instaura un impôt sur les bénéfices et organisa un moratoire sur les remboursements de la dette extérieure.
1973. Mais la droite, les milieux d’affaires et les militaires ne voyaient pas d’un bon œil ces avancées sociales et politiques. Ils profitèrent d'un ralentissement de l’économie et d'une l’inflation pour déstabiliser le gouvernement. La politique d’Allende rencontra aussi l’hostilité des Etats-Unis, pour qui l’Amérique du Sud était sa chasse gardée.
Les clivages politiques se durcirent et la droite rallia une partie de la population lors des élections. En juin, une première tentative de coup d’Etat échoua. L’extrême méfiance du Parlement poussa Allende à nommer en août Augusto Pinochet, réputé apolitique et qu’il croyait loyal, commandant des forces armées. Un complot de coup d’Etat organisé de concert avec la CIA vit le jour.
Le 11 septembre 1973, à 9 heures, l’armée, sous le commandement de Pinochet, assiégea le palais présidentiel, également bombardé par l'aviation. Encore mu par l’espoir, Salvador Allende, qui résista jusqu’à la mort, s'adressa alors une dernière à la radio à ses concitoyens :
« Au nom des intérêts les plus sacrés du peuple, au nom de la patrie, je vous appelle tous par vous dire d'avoir confiance. L'histoire ne se détient pas par la répression et le crime. Cette étape sera dépassée. C'est un moment dur, difficile. Il se peut qu'ils nous écrasent.
Mais le lever du jour appartient au peuple et sera celui des travailleurs. L'humanité avance pour la conquête d'une vie meilleure.
Je paierai de ma vie la défense de principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont renié leurs convictions, failli à leur propre parole et rompu la doctrine des forces armées.
[…]
Je voudrais surtout m'adresser à la femme modeste de notre terre, à la paysanne qui crut en nous, à l'ouvrière qui a travaillé dur, à la mère qui s'est toujours préoccupée de l'éducation ses enfants. Je m'adresse aux professionnels de la patrie, aux patriotes, à ceux qui depuis un certain temps voient se dresser au-devant d'eux la sédition provoquée par leurs collègues, leurs camarades de classe, qui n'ont fait que défendre les avantages d'une société capitaliste.
Je m'adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur combativité. Je m'adresse au Chilien, à l'ouvrier, au paysan, à l'intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés parce que dans notre pays le fascisme était présent depuis un certain temps déjà par les attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et gazoducs, complices du silence de ceux qui avaient l'obligation d'intervenir... L'Histoire les jugera ! »
Reclus dans le palais de Moneda, Salvador Allende mourut d'un tir d'AK 47dans le menton. Assassinat ou suicide ? En 2011, le service médico-légal chilien attesta la seconde thèse. Qu’importe finalement. Il est mort dignement en résistant contre le coup d’Etat.
S’ensuivit la terrible, la terrible dictature que nous connaissons tous.
En ce jour de commémoration de sa mort, je voudrais exprimer ma profonde gratitude et ma solidarité envers le peuple chilien et les rescapés de la conspiration.
Le coup d’Etat de Pinochet nous rappellera toujours que les puissants de ce monde utiliseront tous les moyens pour nous détruire.
Le souvenir de Salvador Allende nous intime le devoir de nous battre, de résister, de ne jamais abandonner nos combats.
Il est l’étoile qui brille au loin, un exemple pour nous tous.